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Acte II

La scène est divisée en deux parties. D'un côté, un banc éclairé par un lampadaire, de l'autre une petite estrade faisant croire au bord d'une falaise.

Scène 1

Sur le banc, Cédric et Emilie, Nuit.

Cédric (essuyant ses larmes)

Je n'aurais pas dû accepter de jouer à ce jeu stupide.

Emilie

Pourquoi ? Tu crois que cacher ce que tu es réellement, est mieux ? Tu crois qu'être ceci ou être cela influence le jugement des autres ? (Cédric baisse la tête) Tu crois vraiment que les gens t'aimeront moins après ça ?

Cédric

Je ne voulais pas vous le dire maintenant. Je voulais vous le dire (Il relève la tête) mais pas maintenant. Et voilà ! (A lui-même) Je suis désormais obligé de lui dire en face que je l'aime. Chaque nuit j'ai rêvé de cet instant, un instant si pur que rien ne pourrait détruire. Aujourd'hui, me voilà forcé de briser cette image. Me voilà résolu à enfanter le pire de mes cauchemars

Emilie

Tu sais c'est pas si terrible de dire je t'aime à quelqu'un, si en plus on l'aime vraiment.

Cédric (regardant au loin)

T'est-il déjà arrivé de regarder une personne rien que parce qu'elle est mignonne ? (Emilie hoche la tête) Et t'est-il déjà arrivé de penser à elle ? Y penser tellement que rien ne pourrait briser cette plénitude ? Y penser tellement, que te retrouver dans la même pièce qu'elle te confère un plaisir absolu ?

Emilie

Non.

Cédric

Tout à l'heure, lorsque vous attendiez une parole de ma part. Alors même que chacun se demandait qui j'aurais voulu me faire dans la pièce. Alors que dans chaque cerveau, une préparation psychologique s'effectuait pour accepter ma réponse, moi je voyais comment allait se dérouler la scène. Des moqueries, des rires, une honte sans nom, ineffaçable.

Emilie

Pourquoi imagines-tu toujours le pire ?

Cédric

Car je connais très bien la nature humaine. Je vois dans les personnes comme dans un livre ouvert. Non pas que je puisse lire dans les pensées. Mais parfois je connais les gens mieux qu'eux-mêmes. Je reconnais le pire en eux. Je ne me voile pas la face.

Scène 2

Au bord de le falaise, Emilie est assise et Cédric debout au bord, Jour.

Emilie

Tu sais, sauter n'est pas si intelligent. Tu devrais réfléchir sur ce qui s'est passé. Faire le bilan, aller à l'essentiel, tirer des conclusions, même si elles ne sont pas encourageantes. Tiens, je me souviens qu'une personne a dit un jour, «On tombe une fois, il suffit de se relever. On tombe une deuxième fois, il suffit de se relever de nouveau. Moi je suis tombé sept fois. Je me suis relevé huit» (Attente) Je crois que cette citation veut dire que l'on apprend plus de ses défaites que de ses victoires. Tu savais que je t'aimais» Et je t'aime toujours, mais je n'attends rien de ta part. Je n'attends aucun signe venant de toi. Je sais très bien que tu me considères juste comme une amie. Tu me l'as expliqué ce soir-là. Tu m'as dit tant de choses sensées que j'en ai oublié celles qui étaient fausses. Mais maintenant je m'en souviens très bien. Te souviens-tu avec quelle franchise tu avais répondu à ma question, la dernière fois où nous étions tous les deux seuls, assis sur le banc dans le parc ?

Scène 3

Sur le banc, Cédric et Emilie, Nuit.

Cédric

Regarder est le propre de l'homme, dans la mesure qu'il sache voir plus loin que le bout de son nez. L'espèce humaine est faite dans un même moule. Chaque être humain se prend pour le nombril du monde au moins dix fois par jour. Une personne a dit un jour que la vie est une pièce de théâtre où chaque personne est un comédien. La seule différence entre la vraie vie et la scène tient en deux mots. Ce que je veux dire, c'est que sur la scène, les comédiens bougent en relation avec les autres. Chaque comédien tourne autour d'une autre personne qui tient le rôle principal. Dans la vie, tous les comédiens ont le rôle principal. Tous les mouvements sont alors désorganisés, chaotiques. Tout le monde se croit maître de son destin, mais la vérité est toute autre.

Emilie

Mais, je suis maîtresse de mon destin !

Cédric

C'est ce que tu crois. La société, elle, maîtrise les hommes. Ces mouvements que l'on croit chaotiques, que l'on sait indéterminés, ne le sont pas. Tout le monde croit connaître son avenir. Tu entends souvent dire : «Demain, on va manger ceci ou cela», mais le lendemain, ou même dans un an, que vont-ils manger ? La société a bien fait son travail. Il suffit de mettre des oeillères aux citoyens et de crier tout haut : «Regardez la modernité !», «C'est pour vous tout cela !», ou encore «Le confort vaut bien mieux que la modernité». Foutaises, cette modernité même nous manipule ; un seul exemple suffit à démontrer cette ironie. L'homme a créé une chose qui permet de contrôler l'humanité. C'est à cause d'elle que tous les mouvements ne sont plus aléatoires et qu'ils convergent vers une boîte de métal, où tous s'entassent pour aller travailler à l'heure. Rien n'est plus ordonné que cette masse de personnes qui va s'enfermer dans le métro à l'heure de pointe. Le confort vaut mieux que la nature ? Ceci est bien immoral. Cela veut dire que pour la société on peut jeter dans la nature des déchets, on peut polluer l'air. Et tout cela pour la société. Pour moi, le confort, c'est la Nature. Rien ne pourrait exister sans Elle. De la brique qui nous enferme, jusqu'aux plumes qui reposent nos têtes. Pour mieux connaître le confort, il faut connaître le bonheur. Malheureusement, le bonheur, je ne le connaîtrai jamais.

Emilie

Tu peux connaître le bonheur, il suffit de s'en donner les moyens. Toutes les personnes sont prédestinées à connaître le bonheur, il suffit parfois juste d'attendre. (Silence) Je voudrais te poser deux questions pour que je comprenne bien la situation et la peine dans lesquelles tu es. Tu veux bien que je te les pose ? (Silence) Je prends ce silence pour un «Oui». Qui est la personne que tu aimerais te faire et qui était dans la pièce ?

Cédric (baissant les yeux)

Damien» Mais je ne le mérite p»

Emilie

Ne dis pas de conneries, c'est plutôt lui qui ne te mérite pas.

Cédric (recommençant à pleurer)

Non, je ne le mérite pas. Il est trop bien pour moi.

Scène 4

La falaise, Cédric et Emilie, Jour.

Emilie

Tu as toutes les raisons du monde pour croire que tu ne le mérites pas, et là-dessus tu as raison, mais moi-même je n'ai pas tout à fait tort. Je sais que Damien ne t'aimera jamais comme toi tu l'aimes. Mais je sais que lui te considère comme étant son meilleur ami. Il sait qu'il peut compter sur toi. De véritables amis se comptent sur les doigts de la main. Dès que je rencontre une personne, je me demande si elle pourrait devenir une véritable amie. Mais le plus souvent je préfère la fréquenter juste pour parler, car je sais qu'elle ne m'aidera jamais s'il m'arrivait quelque chose d'embêtant. Moi je peux te dire que Damien te considère comme un véritable ami, qui sera toujours là en cas de coup dur. Je sais très bien qu'il ne t'aimera jamais comme toi tu l'aimes.

Scène 5

Sur le banc, Cédric et Emilie, Nuit.

Cédric

Je ne sais pas comment vivre tout en sachant ce que je suis.

Emilie

Tu crois être quoi ? Tu es juste toi.

Cédric

Non, je suis un phénomène de foire. Il suffisait de regarder leurs regards. J'ai eu l'impression de paraître comme un monstre. Je sais très bien ce qu'ils pensent de moi en ce moment. Bien que l'homophobie se soit atténuée aujourd'hui, une autre idée d'orientation sexuelle n'est pas encore bien passée dans les mentalités. Maintenant, toutes les personnes arrivent à concevoir l'amour entre deux personnes de même sexe, bien qu'ils voient cela comme quelque chose d'abject. Mais ils n'arrivent pas à concevoir que l'amour d'un homme, ou d'une femme bien évidemment, puisse être orienté vers les deux sexes. Et le plus dur, c'est le regard des homos lorsqu'ils apprennent que leurs petits amis ont des relations avec le sexe opposé. C'est d'ailleurs eux les pires xénophobes vis-à-vis de la bisexualité. Les personnes ne voient plus que leur entourage en noir ou en blanc. Pour eux il faut être tout noir ou tout blanc, quitte à être blanc et penser être noir, ce que je veux dire, c'est qu'il faut être hétéro ou homo, être un homme et aimer les femmes ou les hommes, mais surtout pas les deux à la fois. Il faut être méchant ou gentil. Il faut être intelligent ou idiot. Il faut être de gauche ou de droite. Il ne faut surtout pas être gris, bi, raisonnable, conscient ou centriste. Pour eux, ces gens-là ne seront jamais dignes de confiance. Dans la Grèce antique, les hommes s'ébattaient avec les hommes. La femme n'était là que pour la lignée. Alors pourquoi, dans les temps modernes, on ne pourrait pas accepter l'attirance homosexuelle. C'est un bon exemple de l'homosexualité. Non pas sexuelle mais par véritable amour. Et pourquoi ne pas accueillir la bisexualité ?

Emilie

Je crois que la bisexualité sera le prochain pas dans la libération sexuelle de l'humanité. Mais je crois que la bisexualité fait peur car elle montre que toutes les personnes peuvent s'aimer entre elles sans contraintes, et engendrer des êtres, peut-être non issus d'un grand amour, mais juste d'une passade, d'un désir, de rien de véritablement concret.

Cédric

Concret ? Il n'y a rien de plus concret que l'amour. L'amour entre deux êtres est la base de tout, c'est une chose qui se voit, qui est palpable dans leurs gestuelles, leurs mots. Mais l'amour d'un être pour deux êtres de sexes différents n'est pas encore acquis et est montré du doigt. Les gens se disent qu'on ne sait pas choisir entre deux personnes. Ils diront peut-être : «Regardez ! Il n'est pas normal ! Regardez ! C'est un monstre, il faut l'enfermer !».

Emilie

Mais non tu n'es pas un monstre.

Cédric

C'est parce que toi tu conçois un tant soit peu l'amour bisexuel, mais regarde Jean. Lui, ne me parlera plus. Magali, elle, tournera autour de moi pour savoir ce que c'est qu'un bisexuel. Oh non, elle ne me le demandera jamais face à face. Elle préfèrera me regarder et se dire en me voyant faire telle ou telle chose : «Ah oui, ils font tout le temps ça ces gens-là». C'est navrant, mais c'est la vérité. Je ne voulais pas vous le dire si tôt. Plus tard je vous l'aurais annoncé, mais beaucoup plus tard. Quand j'aurais su que vous auriez changé de mentalité. Quand vous auriez été plus compréhensif.

Scène 6

La falaise, Cédric et Emilie, Jour.

Emilie

C'est vrai, les gens ne sont pas encore préparés à accepter la bisexualité. Mais je ne crois pas que c'est l'idée qu'un homme puisse aimer une femme et un homme qui fasse peur. Je crois plutôt que tout homme a un fantasme de ce genre. Je veux dire que les hommes, comme les femmes, ne veulent peut-être que penser à un acte bisexuel, et que cet acte ne doit pas exister autre part, pour que dans leur esprit, cet acte puisse encore et toujours les exciter. Pour qu'un jour cet acte se réal» (Le téléphone sonne, elle décroche) Allô» Oui» On est sur celle en amont» Tu prends le chemin des douaniers et tu vas nous voir au bout de quelques pas» Le passage est vers la plage. Normalement, tu passeras devant le blockhaus» Oui, à tout à l'heure. (Elle raccroche et range son portable). Damien arrive dans quelques minutes. Pour en revenir à ce que je disais, pour les autres personnes, l'amour bisexuel n'est qu'un fantasme purement sexuel, fait pour être réalisé, mais qui, la plupart du temps ne s'effectue jamais et reste un fantasme pour toujours. Alors imaginer que l'on puisse aimer bisexuellement est comme un rejet du fantasme.

Scène 7

Le banc, Cédric et Emilie, Nuit.

Cédric

La seule personne qui puisse me briser, c'est Damien.

Emilie

Comment peux-tu savoir comment ils vont réagir ?

Cédric

Je le sais, c'est tout. Je les connais depuis assez longtemps pour savoir à l'avance quelles seront leurs réactions. Il n'y a que Damien qui ne laisse jamais transparaître en totalité sa personnalité, c'est de lui que j'aurai la surprise. Damien est imprévisible. Je ne peux savoir ce qu'il pense ou pensera, ce qu'il fera à mon encontre.

Emilie

Je crois que Damien est le moins borné de nous tous. Je crois même qu'il est plus ouvert, plus compréhensif que moi.

Cédric

Je ne dis pas qu'il est incompréhensif, je sais que toute personne comprendra mon «état». Je sais que certaines personnes admettront ma personnalité et mes attirances, beaucoup plus tard que d'autres. Je sais aussi que je serai sujet à vos discussions pendant des mois, voire des années pour certains.

Emilie (hochant la tête)

Oui, c'est vrai, et je crois qu'en ce moment même, ils répertorient toutes les personnes de notre section, pour trouver, par élimination ce fameux personnage mystère.

Cédric

Toi tu me connais depuis longtemps, n'est-ce pas ? (Elle acquiesce) Tu as connu toutes les filles avec lesquelles je suis sorti ? (Elle acquiesce) Tu connais presque mieux que moi les raisons qui m'ont poussé à sortir avec elles, et les raisons pour lesquelles j'ai rompu avec elles ? (Elle acquiesce) Mais tu ne sais peut-être pas pourquoi cela fait si longtemps que je ne cherche plus celle qui pourrait me combler.

Emilie

Non, je ne sais pas.

Cédric

Eh bien, c'est pour ne pas avoir à lui avouer ma bisexualité. Pour ne pas voir ce visage déformé par l'horreur. Je sais très bien qu'ils cherchent à savoir qui est le personnage mystère. Je sais très bien que tu cherches avec quel garçon j'aurais pu sortir sans que tu t'en aperçoives. Je vais te donner quelques noms. Jérémy, Valentin, Emmanuel.

Emilie

Je»

Cédric

J'ai vu ce visage qui exprime le dégoût. Ce dégoût d'avoir accepté en son corps, d'avoir accepté dans sa bouche un pénis qui a été autre part que dans une autre bouche ou un autre vagin. Je suis sorti avec une fille qui m'a repoussé violemment à cause de cette bisexualité. Je la comprends, je ne dis pas que je n'aurais pas fait la même chose. Je dis juste que j'aurais réfléchi pour peser le pour et le contre, puis j'aurais avisé. Oui, peut-être que je l'aurais larguée. Oui, peut-être que je l'aurais blessée, mais au moins, je lui aurais parlé, j'aurais continué à la fréquenter.

Scène 8

La falaise, Cédric et Emilie puis Damien, Jour.

Emilie

Je ne dis pas non plus que tout parti est bon à prendre. Que tout fantasme doit être obligatoirement réalisé. Mais il est vrai que l'acte homosexuel entre hommes repousse beaucoup de filles, dans le fait que la sodomisation n'est autre qu'une pénétration d'un phallus dans un milieu quelque peu» Comment dire» Merdique. Toute personne serait repoussée par une fellation de cette même pine après cette jouissance. Quelques unes ne se formalisent pas de cet inconvénient, et s'en réjouiraient même. Peut-être que c'est cette idée qui lui a traversé l'esprit. Non pas l'idée de percer l'anus pour se mouvoir dans un rectum, mais l'idée qu'il faudra un jour sucer ce morceau de chair qui a déjà rencontré des matières fécales, dans un milieu souvent inaccessible. Il faut pouvoir pardonner. Comprendre, et repartir de zéro. Ne pas sauter et analyser le résultat obtenu.

Damien (courant)

Cédric ! Emilie !

Emilie (se levant)

On est ici, Damien.

Damien (reprenant son souffle)

J'ai fait le plus vite possible, j'ai laissé les autres à l'université. J'ai fait mine d'aller aux toilettes. (A Cédric) J'aimerais savoir pourquoi tu veux sauter. (Silence)(A Emilie) Tu sais pourquoi il veut sauter ?

Emilie

Oui. Je sais tout depuis qu'il est parti du jeu la dernière fois. Il m'a avoué à qui il devait dire son amour. Et qui il aurait aimé embrasser parmi nous.

Damien (impatient)

Et qui était-ce ?

Emilie (essayant de le calmer)

Tu le sauras bien assez tôt. (Elle décroche son portable et compose un numéro).

Scène 9

Le banc, Cédric et Emilie puis Tous, Le jour se lève doucement.

Cédric

Damien et Thomas, ce sont eux que j'aime. Damien que je ne mérite pas, et Thomas qui ne m'aimera jamais. Je suis prédestiné à vivre seul. Toutes les personnes qui me veulent ne m'intéressent pas, et toutes celles que je veux, je ne peux les avoir. Je suis une erreur de la nature, une tare de la société.

Emilie

Tu n'as qu'a faire un essai.

Cédric

Je voudrais te demander une faveur. (Elle hoche la tête) Je ne veux pas que tu le dises à Damien que je ressens des choses envers lui. Et encore autre chose, je ne veux pas que tous sachent à qui je dois dire ce gage, que tu t'engages auprès de moi de ne rien leur dire, sauf cas exceptionnel. Je veux que tu sois mon seul arbitre dans cette histoire, mais je ne veux pas d'eux comme spectateurs. Tu veux bien ?

Emilie

Oui, si c'est pour te faire plaisir.

Audrey (au loin)

Ils n'ont pas dû aller loin.

Jean (entrant sur scène)

Ils sont là. Par ici.

Emilie (se levant, pour rencontrer les autres à l'écart du banc)

Je voudrais vous demander une chose.

Tous

Oui.

Emilie

Cédric me demande expressément d'être son seul juge pour ce gage.

Stéphanie, Jean et Audrey (pour eux)

Dommage.

Damien

Moi je suis d'accord. Si un seul de vous n'est pas d'accord, nous annulerons le gage.

Tous (un par un)

D'accord. Pas de problème.

Scène 10

La falaise, Cédric, Emilie et Damien, Jour.

Emilie (dans le combiné après quelques secondes d'attente)

Allô ? C'est Emilie» Il faudrait que tu viennes» Oui, je l'ai retrouvé» Exactement là où je t'avais dit» Ok, pas de problème, on attend» Quoi on ? Moi et Damien !» Oui Damien, il fallait que je le fasse venir aussi» Oui, lui aussi» Bon, à tout à l'heure. (Elle raccroche).

Damien

Bon, tu vas me dire pourquoi je suis là.

Emilie

Très bien. La dernière fois, avant que vous arriviez, Cédric m'a expressément demandé de ne rien dire sauf cas exceptionnel. Et là, je crois bien que c'est un cas exceptionnel, vu les circonstances. Cédric était très discret sur le fait qu'il est bi, car il avait terriblement peur de vos réactions. C'est pour cela qu'il est parti aussi vite.

Damien

Mais moi je m'en fous qu'il aime ou pas les hommes. Cela me fait de belles jambes de savoir qu'il baise des mecs. Moi ce que je veux savoir, c'est pourquoi «Moi» je suis là et pas les autres, et qui est la personne du gage. Et aussi quelle est la personne que tu aurais aimé te faire parmi nous sept la dernière fois.

Cédric (parlant en pleurs)

C'est toi !

Emilie (Silence)

C'est pour cela que toi seul devait venir. (Silence) Mais maintenant tu sais. Tu peux partir si tu le souhaites. Tu peux revenir sur tes pas et oublier cela.

Damien (encore sous le choc)

Moi ? Et pourquoi il ne me l'a pas dit les yeux dans les yeux ?

Emilie

Parce que, ce n'est pas toi qu'il aime le plus.

Damien (réfléchissant)

Je comprends mieux maintenant. (A Cédric) Mais qui est-ce ? Et que s'est-il passé ?

Emilie

Je viens de l'appeler. Il arrive et sera là bientôt.

Damien

«Il» ? Qui ça «Il» ? Je le connais ?

Emilie

Oui.

Damien (pour lui-même)

Mais qui cela peut-il être ?

Cédric

C'est Thomas.
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