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Envies

Eric sort, laissant la place à une vieille dame. Cela fait trois fois, dans la même semaine, qu'il va à confesse. Il s'installe sur un banc de la nef, et projette son regard en direction du choeur. Les yeux, regardant l'horizon, reflètent la vive réflexion dont il est la proie. Il pense, reclus dans l'église.
Il n'est pas venu ici pour garder la foi, ni pour avoir la foi. Il veut comprendre, il veut se comprendre. Cela fait un mois que cette idée trotte dans sa tête. C'est comme une impression, pas un sentiment ou un pressentiment, mais plutôt une envie.
Il ne sait pas comment réagir face à ce genre de chose. Il n'a jamais fait cela avant, que doit-il faire, doit-il aller jusqu'au bout ?
 
Doit-elle aller jusqu'au bout ?
Adeline est assise, les jambes croisées, les mains posées sur ses genoux, elle cherche à savoir. Dans le Club ZEN de son quartier, elle vient chercher la réponse. En phase avec le Lotus, elle cherche à comprendre.
Cela fait un mois qu'elle s'est inscrite au Club. Cela fait un mois aussi qu'elle l'a rencontré.
 
Un mois, un mois qu'il s'est aperçu de son existence.
Pourtant c'est une personne comme les autres, mais elle a quelque chose de différent. Un mois qu'il a remarqué qu'elle lui fait de l'effet, et quel effet. Un effet si habituel mais si nouveau, comme s'il redevenait puceau, et qu'il allait faire l'amour pour la première fois.
Mais dans l'état des choses actuel, il attise cette poussée inévitable d'adrénaline. Cette même adrénaline qu'il a connue très récemment, à son travail. Ce jour où il a commencé son travail d'été, aux abattoirs, dans la section trois. Où son chef lui a ordonné de trancher la gorge de la première vache de la matinée. L'adrénaline est montée en lui, puis prenant son courage à bras-le- corps, il avait enfin réussi à effectuer une saignée. C'est cette adrénaline-là qu'il va peut-être retrouver. Ce n'est pas un sentiment de haine ou d'amour, de colère ou de joie qui l'anime.
Seul dans la nef, il pense. Il pense à tout ce qu'il pourrait faire, à toutes ces possibilités. Il inspire profondément pour savoir comment il va s'y prendre, quel stratagème il va utiliser.
 
Elle réfléchit à quel jeu de séduction il va succomber pour qu'elle arrive à son ultime but, assouvir son envie.
Pour elle c'est la première fois. Elle sait qu'elle va le faire, il n'y a pas d'autre échappatoire. Elle se dit qu'elle va peut-être prendre son pied, comme le jour où elle a réussi à massacrer cette bande de copains qui rôde toujours dans son ancienne ville et qui voulait la violer dans la ruelle qui jouxte l'immeuble où elle avait son appartement. Aujourd'hui encore elle s'en souvient, et se dit en elle-même : « Pourquoi ne pas avoir accepté, peut-être que maintenant cette envie ne serait pas aussi grande. »
Elle a tout juste vingt-deux ans, elle est toujours vierge. Elle inspire et sort de son état de repos. Elle se lève, laisse derrière elle les autres membres du Club. Elle se dit qu'elle est idiote car elle ne croit pas en la résurrection, en l'âme.
Lui aussi doit avoir vingt-deux ans.
 
Vingt-deux ans, c'est l'âge qu'il lui donne, tout comme lui. Il se lève, s'approche de l'autel, s'incline tout en faisant le signe de croix, repart dans l'autre sens, utilise le bénitier pour faire un nouveau signe de croix.
Quelle ironie, il n'est pourtant pas catholique, il n'adhère même pas à une religion, il ne croit en rien sauf en ce qu'il voit de ses propres yeux.
Il sort dans la lumière blanche du début d'après-midi, serein.
Un petit vent frais lui caresse le visage et le fait éternuer. A cette heure de la journée, le flux de voitures s'est arrêté et seul le bruit lointain de l'autoroute et des oiseaux lui arrive aux oreilles. Il inspire un grand coup, descend le perron de l'église et part en direction de son quartier.
Après avoir passé deux ou trois feux, il ne lui reste plus qu'à traverser le parc qui fait face à son appartement. En changeant de trottoir il remarque, à quelques pas de lui, la carcasse d'un volatile encore chaud. Cette vision inattendue ne le fit point frissonner, comme par habitude.
Ses semelles font crisser le gravier sous ses pieds, mais ce bruit n'effraie pas les pigeons qui jouent dans l'eau. Au centre du parc s'élève une fontaine, devant laquelle Eric s'assied. Il l'a regarde longuement, et voit cette quantité d'eau qui tombait, tombe et tombera encore.
 
L'eau tombait, et continuait, sortant du tuyau. Elle s'abattait sur le crâne d'Adeline, ruisselant le long de son corps. Elle vient de sortir du sauna, option de sa carte de membre. Comme toujours, l'eau lui paraît froide.
De sa main gauche, elle verse du gel douche dans son autre main. Elle repose le flacon sur le carrelage. Elle commence à frotter son ventre. Elle y pense encore, elle n'arrive pas à oublier cette envie qui lui avait pris il y a des années. Elle aimerait que cela se passe tout de suite. Par ses caresses et sa pensée, elle s'aperçoit que tout cela l'excite énormément. Elle sait que le moment est venu, qu'avant, elle aurait pu s'attirer des ennuis. Alors lentement, comme à chaque fois qu'elle se masturbe, elle introduit un doigt entre les lèvres supérieures à la recherche de son clitoris.
Dès qu'elle trouve l'organe désiré, elle l'effleure du bout de son index ce qui provoque l'érection si attendue. L'excitation monte en elle comme tant de fois auparavant. La main droite, encore enduite de gel, frotte ses seins déjà redressés par ses caresses. Sa respiration s'était accélérée depuis un moment et quelques bruits incontrôlables, venant de ses cordes vocales, sortent par intervalles réguliers de sa bouche. Elle s'aperçoit qu'elle ne sait même pas simuler. Alors, elle essaye, sans résultat concluant.
Elle ne s'était pas aperçue qu'une jeune femme la regardait derrière la porte qui mène aux douches des femmes. Elle ne la voyait pas se tortiller pour l'imiter. Ce n'est que lorsque son clitoris se rétracta pour enfin revenir dans son ancienne position, provoquant alors cet orgasme clitoridien, qu'elle entraperçu la masse qui se tenait derrière la plaque en bois. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Un petit cri avait été expulsé lorsque tout son corps avait frémi, suivi de quelques râles d'extase et d'expirations contrôlées, ponctuant ce moment de bonheur. Elle veut savoir ce que cela fait d'être pénétré et de sentir la pleine jouissance. Comme tant de copines, elle veut connaître le point G, l'ultime limite, la fin de tout.
 
Il sait qu'il faut qu'il dépasse ses limites pour arriver à ses fins. Eric rêvasse tranquillement sur son banc lorsque les cloches de l'église toute proche se font entendre trois fois. Ce sont ces moments-là qu'il recherche désespérément, ces moments où il décroche de la réalité pour se retrouver seul avec lui-même, pour ne plus penser à rien. Le réveil ne fut pas brutal, mais le retour s'effectua dans une étrange situation, car la vision d'un enfant jouant dans la fontaine le mit de très bonne humeur. C'est alors qu'il se surprit à fredonner une chanson. Dans sa tête, il chante les paroles. Au refrain, il chante pour lui : « On ira tous au paradis, même toi … »
Il ne sait plus si c'est bien le mot « Toi » qui termine cette rime mais il fait avec. Il se lève et repart. Il vient de trouver le moyen de l'amener chez lui. Il ne lui reste plus qu'à rentrer et à l'appeler. Il va l'inviter à dîner.
 
Elle va l'inviter à dîner, pour elle c'est le seul moyen de se retrouver seule avec lui. Habillée et remise de ses exercices de sous la douche, elle sort sereine du Club, et longe le parc pour rejoindre son appartement. Les enfants qui jouent dans la fontaine dessinent un sourire immense sur son visage. Quelques secondes plus tard, elle chantonne la mélodie d'une chanson, seulement ses paroles ne sont pas les paroles originales. « On ira tous au septième ciel, surtout moi … »
Avant de téléphoner, il lui reste encore à acheter quelques courses pour le festin tant attendu. Alors, au lieu de rentrer dans son immeuble, elle passe son chemin pour pénétrer dans le supermarché.
 
Eric entre dans le supermarché, voisin de son appartement, après une longue réflexion. La conclusion : Marinade d'escalopes de dinde dans leur sauce.
Au passage, il attrape un panier, passe la barrière électrique, et se rend aussitôt dans le rayon boucherie. A cette heure, le magasin est presque vide si l'on excepte les employés. Le rayon qui exhibe les tranches de viande prêtes à l'emploi est parsemé de vides par-ci par-là. Par chance, le stagiaire en boucherie vient de réapprovisionner l'étal. Les deux belles portions de dinde le subjuguent, alors il continue ses emplettes vers les légumes sans oublier de prendre un pot de crème fraîche au passage.
Il va lui préparer un festin.
 
Elle veut lui concocter un festin de roi. Le panier à la main, déjà rempli de l'abondante entrée qu'elle va servir, elle s'insinue dans les rayons à la recherche de la suite de son repas. Les clients commençant à affluer dans la grande surface de quartier, elle a quelques difficultés à trouver le chemin le moins long pour arriver enfin devant deux énormes biftecks bien saignants, ce qui l'écoeure pour le restant de la journée. Alors elle change son programme, pour modifier son « Biftecks Pâtes » en « Poulet Frites », cela fait longtemps qu'elle n'en a pas mangé.
Son apéritif n'en est pas moins très léger avec un seul paquet de bretzels, et un petit martini blanc pour les faire passer. Son poulet surgelé agrémente la quantité non dissimulable de ses courses.
 
Le panier bien rempli, Eric se dirige vers le devant du magasin, où une caisse vient de s'ouvrir. Il dépose ses vivres sur le tapis, lorsqu'il s'aperçoit du manque inconsidéré de l'ustensile le plus indispensable à cette soirée.
 
Adeline part en direction des caisses, mais sur son chemin, elle stoppe devant le récent rayon pharmacie, ce qui lui fait prendre conscience du manque qu'il faut combler.
 
Le rayon fait face à sa caisse, alors en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il s'empare du plus gros couteau attaché à une tige de fer, puis le dépose sur le reste de ses affaires qui ne sont pas encore passées.
 
Elle a du mal à trouver le paquet de préservatifs adéquats. Lorsqu'elle dépose enfin ses provisions sur le tapis, le premier client de la caisse du fond, qui vient de s'ouvrir, franchit la porte avec quatre sacs bien remplis. Ayant payé son dû, elle sort du magasin pour s'insérer dans son immeuble.
 
Eric vient d'entrer dans le hall de son immeuble, se lamentant sur la position actuelle de l'ascenseur. L'afficheur digital annonce véritablement le chiffre huit. Il est tout en haut. Pas la peine d'attendre, il sait bien que monter à pied prendra moins de temps.
Alors chargé comme un mulet il entreprend l'ascension.
A mi-chemin, il voit passer l'ascenseur, et par inadvertance, laisse échapper un sac qui dévale les escaliers plus rapidement qu'il ne les avait montés. En bas, quelqu'un a donc appuyé sur le bouton d'appel.
 
Le bouton enfoncé, la machinerie se met en branle, et dans un grand fracas, la cabine s'arrête devant Adeline, qui ouvre la porte de l'ascenseur, et s'installe très inconfortablement ses sacs dans chaque main.
Elle appuie sur le bouton du cinquème étage, ce qui a pour effet de la déséquilibrer un moment. L'ascenseur monte tellement rapidement qu'elle a juste le temps de voir une personne récupérer un sac plastique, qu'elle a dû faire tomber, mais ne la reconnait pas.
 
Il n'arrive jamais à distinguer ses voisins lorsqu'ils prennent l'ascenseur et qu'il est lui-même dans les escaliers. Il adore ces anciens ascenseurs, qui passent à toute allure, et d'où l'on peut voir les courageux gravir avec hardiesse les quelques paliers qui les séparent de leur logis.
Etait-ce elle ? se dit-il lorsqu'il voit l'ascenseur stopper à l'étage supérieur au sien.
Il est déjà en retard, et s'il veut que le repas soit prêt dans les temps, il faut qu'il se dépêche de monter. Il ouvre sa porte et se précipite dans sa cuisine aménagée à l'américaine, lui permettant de regarder sa série, tout en préparant les repas.
Il ouvre un sac et sort le couteau. Il se rend bien compte qu'il ne va s'en servir qu'une seule et unique fois. Il le pose donc sur son plan de travail.
 
Elle pose la boîte de préservatifs sur le meuble de l'entrée. Elle commence à avoir peur.
Pour reprendre son souffle, elle s'allonge sur son lit et ferme les yeux, essayant de se motiver pour ce soir. Après quelques minutes, elle se redresse, repousse les deux mèches de cheveux lui barrant les yeux, puis se lève en direction de sa penderie.
 
Eric a rangé toutes ses courses là où elles doivent aller et va s'asseoir dans son fauteuil. Les deux mains jointes, il réfléchit à ce qu'il va bien pouvoir faire pour éviter cette pulsion. Il ferme les yeux et prie encore une fois. Inspire et expire calmement pour se calmer mais n'y parvient pas.
 
Puis, ne sachant que mettre, elle s'avance vers le téléphone, le retire de sa base et commence à composer son numéro. Elle attend... Une sonnerie... Deux sonneries... Trois sonneries... Quelqu'un décroche :
Allô ?
 
Le téléphone retentit dans la pièce silencieuse. Sortant Eric de sa prière. Il sort de son siège, court vers le combiné et commence la conversation : « Allô ? ».
 
- Allô ! Je ne te dérange pas j'espère ?
 
- Non... J'étais juste en train de me reposer avant de commencer à cuisiner.
 
- Ah ? Tu avais l'intention de m'inviter ?
 
- Euh oui ! Justement j'allais t'appeler, tu m'as pris de vitesse. J'ai acheté tout ce qu'il faut pour. Et bien plus...
 
- Tu as prévu de faire quelque chose ?
 
- Rien de précis... C'est juste que je ne veux pas passer une mauvaise soirée et que... Enfin bon tu verras si tu viens tout à l'heure.
 
- Tu veux que je vienne à quelle heure ?
 
- Huit Heures ?
 
- Attends, je réfléchis... Oui, à cette heure-là je serai prête.
 
- Ne cherche pas à t'habiller chic. Simple ce sera très bien, même mieux je pense.
 
- D'accord, comme tu veux, mais ne t'attends pas à des miracles non plus, je vais faire le plus vite possible quand même.
 
- Bon alors à huit heures, finit Eric avant de raccrocher.
 
Ca y est... Il ne peut plus reculer. C'est le tout pour le tout. Il regarde le couteau sur le plan de travail et se précipite vers ses fourneaux. Pour l'attirer, il faut bien un appât. Et le jour est enfin venu. Il ne peut plus reculer, il va falloir le faire, aller jusqu'au bout. En finir et continuer à vivre avec ce qu'il aura fait. Peut-être qu'il n'oubliera jamais ce qu'il aura fait, peut-être qu'il oubliera et passera à autre chose. Et peut-être qu'un jour cette envie reviendra. Quoi qu'il advienne ce soir il changera, il le sait très bien.
Ce soir, c'est le grand soir. Maintenant il ne peut plus reculer.
 
Adeline retourne précipitamment à sa penderie, ouvre en grand les deux battants et plonge ses deux bras dans la masse de vêtements, saisit une tringle et la décroche. Repart vers la salle de bains, dépose au passage sa robe sur une chaise et commence à se doucher.
Sous le jet d'eau, elle réfléchit. Ce sera sa première fois. Elle commence à avoir peur. Elle appréhende. Elle sait que cela doit se faire ce soir. Car avec quelqu'un d'autre, elle ne pourrait pas le faire. C'est véritablement la toute première fois qu'elle ressent cette émotion. Et ça ne lui déplait pas. Ca la rassure même. Elle se dit que tout est normal. Elle est prête.
Elle est déjà en retard. Elle enfile sa robe sans rien dessous. Prend ses clés et la boîte de préservatifs et sort de son appartement. Elle a vraiment envie de le faire ce soir, et rien de tout ce qu'il voudra faire ne pourrait l'en empêcher.
Du palier, elle entend un sifflement venant de la cage d'escalier. Elle regarde sa montre... Il est déjà huit heures trois. Elle est vraiment en retard. Elle dévale les escaliers. Au palier inférieur, elle bute sur un jeune homme en tee-shirt qui s'excuse.
 
Devant ses casseroles, il se dit que le temps passe trop vite. L'heure fatidique approche mais la sonnette de l'entrée n'a pas encore retenti. Il se penche pour prendre les assiettes dans le placard du bas car lui aussi est en retard.
Il se demande si quelque chose lui est arrivé en chemin, et trouve cette idée ridicule. Rien ne peut arriver car ils habitent si près l'un de l'autre. Alors il commence à mettre la table, les chandelles... Non pas de chandelle... Elles pourraient être mal interprétées.
Tout est là où cela doit être. Il reste ainsi, debout à regarder un point imaginaire, écoutant le clapotis de la sauce dans la petite casserole. Le gâteau est encore en train de cuire mais il sera prêt lorsqu'ils en arriveront au plat principal. Il ne doit pas s'en faire.
Il revient dans sa cuisine, prend le couteau dans sa main et joue avec. Pourra-t-il vraiment le faire ?
 
Elle est encore sous le charme de l'inconnu lorsqu'elle arrive enfin à la bonne porte. Elle prend son souffle, emprunte un large sourire et appuie enfin sur la sonnette.
 
Le puissant « Dring » se fait enfin entendre. Eric court vers la porte, regarde par le judas, voit une silhouette derrière cette porte. Il recule un peu, prend une bonne goulée d'air et ouvre la porte.
 
Une ombre est passée subrepticement sous le montant de la porte signalant à l'invitée que l'hôte sait qu'il peut enfin ouvrir la porte. Le battant offre les premières couleurs de l'appartement, puis sa main tire enfin la porte pour l'ouvrir en grand.
 
Eric arbore son plus grand sourire, et tire brusquement la porte pour qu'elle offre à l'invité une première vision de son appartement. De l'autre côté du chambranle, son invité demande à entrer et commence à s'impatienter.
 
Adeline entre et se pend au cou de Cyril. Elle lui demande de l'excuser pour son retard. Il lui pardonne immédiatement car elle commence déjà à lui baiser le cou. Il la fait s'asseoir après s'être extirpé de son étreinte et commence à apporter la nourriture.
Sur ce coup-là, il n'a pas été très original... Des sachets lyophilisés à faire cuire en cinq minutes au micro-ondes.
Elle mange rapidement en lui caressant la jambe de son pied déchaussé. Puis lorsqu'elle a enfin fini, elle vient s'asseoir sur ses genoux, lui prend sa fouchette et commence à lui enfourner délicatement la nourriture de son assiette à sa bouche.
 
Dominique entre dans le hall tout en s'émerveillant de la décoration de l'appartement. Eric lui demande de s'asseoir et part vers la cuisine pour apporter les premiers plats.
Durant le repas ils parlent de choses et d'autres. Se demandent comment ils vont achever la soirée, et terminent tous les deux leurs assiettes.
 
Cyril, ayant terminé ses légumes, prend dans ses bras Adeline et l'emporte vers sa chambre, car il a bien compris qu'elle n'attend plus que ça.
Elle retire de sa poche la boîte de préservatifs qu'elle ouvre bien avant d'être passée du parquet à la moquette. Elle prend un sachet, jette le reste dans le canapé collé au mur et l'embrasse encore une fois.
Il la pose sur le lit, commence un strip-tease puis la déshabille. Elle est assise au bord du lit, lui demande d'approcher, pince la réserve du préservatif avec l'index et le pouce, pose le morceau de latex sur le gland de son compagnon et déroule enfin ce plastique sur la verge qu'elle a en face des yeux.
Puis elle recule sur le lit, s'allonge et l'attend.
 
Dominique lui parle de sa journée, et lu ,il tapote la table avec ses doigts, impatient. Il se dit que le moment approche de plus en plus. Qu'il va falloir passer à l'acte.
Alors il se lève et emporte les plats dans la cuisine.
Dominique le rejoint avec les assiettes et les couverts, les plongeant dans le bac de l'évier se remplissant déjà d'eau chaude, la mousse du produit vaisselle couvrant d'un voile blanc ce qui était sur la table dix minutes plus tôt.
Eric prend une éponge, mais Dominque la lui prend des mains en le complimentant sur le repas et en lui disant que c'est la moindre des choses de faire la vaisselle après avoir mangé d'aussi bonnes choses.
Alors Eric s'écarte, va vers le four qu'il avait éteint avant de servir les plats, sort la tarte avec des gants et la pose sur le bar séparant la cuisine de la salle à manger. Il prend le couteau qui n'est pas aussi loin qu'il l'avait imaginé et se tourne vers Dominique.
Il ne sait pas ce qui le pousse à faire ça, mais il sait au fond de lui qu'il doit le faire, et que le plus vite sera le mieux.
 
Adeline commence à accueillir Cyril en son sein. Elle a de plus en plus peur. Elle tremble car elle sait qu'il va bien falloir connaître ce qu'elle redoute depuis le premier jour ou elle l'a rencontré. Lui la rassure, lui dit qu'il ne va pas la brusquer. Il dit qu'il va être tendre avec elle. Puis il lui demande de se mettre au-dessus de lui.
Il inverse leurs positions. Elle est maintenant au-dessus et il ne lui reste plus qu'à descendre sur ce pic. Avec une de ses mains, elle écarte lentement les deux lèvres fermant son vagin et de l'autre, elle guide doucement le pénis de Cyril vers l'ouverture. Le gland commence donc à rentrer, chatouillant son clitoris. Puis d'un seul élan, comme on plonge dans la piscine après avoir pris une douche, elle sentit rentrer en elle ce morceau de chair gorgé de sang.
Elle pousse un léger cri de soulagement, puis s'allonge sur le torse de son amant.
 
Eric commence à trembler. Le couteau effectue de légers moulins devant lui. Il s'approche de plus en plus. Il est tout proche. Encore un pas et il devra le faire pour de bon.
Comment faire ? Lui sauter dessus ? Attendre qu'il voit ses yeux ?
Il a de plus en plus peur. Il entend une voix. Cette voix lui dit qu'elle a bientôt fini.
Que faire ?
Mon Dieu, pardonner mon acte.
Je ne voulais pas le faire mais je le dois.
Dominique se retourne, voit Eric à moins d'un mètre de lui un couteau à la main.
Sa main tremble. Dominique relève les yeux vers Eric.
 
Adeline sourit. Elle est calme. Elle ne bouge plus. Cyril ce demande ce qui se passe.
Alors elle se relève les deux mains bien à plat sur les draps. Elle l'embrasse. Elle prend équilibre sur une main, caresse la joue de Cyril. Lui ferme les yeux, sourit de bonheur.
Elle dépose un baiser sur son menton, puis pose sa main sur son cou.
Elle presse sur la trachée et son autre main rejoint la précédente.
Elle pèse de tout son poids sur cette partie du corps.
Il ouvre les yeux et voit le diable dans ceux de son aimée.
Il étouffe. Il se débat mais elle le maintient bien sous son poids.
A peine trois minutes suffisent pour qu'il meure.
Elle l'a étranglé sans le moindre problème. Elle le hait tellement. Elle n'avait pas d'autre choix.
 
Dominique commence à avoir peur, mais Eric balance le couteau dans l'évier, s'approche encore et l'embrasse.
Dominique, les yeux étonnés, sent la langue de son ami essayer de se frayer un chemin vers la sienne.
Eric prie. Il a les yeux fermés. Et maintenant, que va-t-il se passer ? Comment va réagir Dominique ?
 
Adeline enlève ses mains du cou de Cyril. Son phallus est bien dur dans son vagin. Les pendus bandent véritablement dur. C'est sûrement l'étouffement qui fait ça.
Adeline se laisse tomber sur le torse du cadavre.
Le sang commence déjà à partir de la tige qui est en elle.
Elle vient de tuer pour la première fois.
Elle aime ça.
 
Dominique se laisse faire. Eric joue enfin avec la langue de son invité.
Intérieurement, il demande pardon à Dieu pour ce qu'il fait.
Maintenant Dominique lui rend son baiser.
Pardonne-moi Seigneur. Je sais que ce que je fais n'est pas dans votre enseignement. Mais Jésus n'a-t-il pas dit : « Aimez-vous les uns les autres » ?
Pardonne-moi Seigneur.
Eric s'arrête. Ses bras entourent Dominique. Il le regarde.
C'est la première fois qu'il embrasse un garçon, qu'il aime un garçon, qu'il pense à lui tout le temps. Il regarde ce beau jeune homme portant un tee-shirt qu'il lui enlève. Il embrasse son torse.
Il va coucher avec un garçon pour la première fois.
Il aime ça.
 

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